(Une méditation qui était l'homélie de ce jour)
Le cœur est le centre du corps humain. Vous perdez un oeil, une main, une oreille, c’est embêtant mais vous pouvez encore vivre des années. Par contre, si votre cœur s’arrête, votre vie s’arrête très vite. Ce soir, je voudrais vous parler de l’immensité de la Création dans un premier point, pour en arriver à l’immensité plus grande du Créateur.dans un deuxième point.
Immensité de la Création
Commençons par un peu d’anatomie. Le cœur de l’embryon apparaît dès la 3ème semaine, c’est le 1er organe à exister. Le cœur a le rôle d’une pompe. C’est un véritable moteur qui aspire et fait refluer le sang dans l’être humain. 4 à 5 l de sang qui irriguent tout le corps. Nos vaisseaux sanguins mis bout à bout font 100 000 km, soient 2 fois et demi le tour de la terre. Ils sont irrigués par les battements du cœur en moins d’une minute. Quelle machine ! Et c’est costaud. Imaginez qu’on met des pailles bout à bout le long de l’église et qu’on souffle et aspire un liquide pour qu’il circule d’un bout à l’autre. Ce serait fatigant, à force. Et votre cœur fait ça sur un réseau de 100000 km, sans se plaindre, depuis votre naissance, sans avoir une courbature ni un jour de congé. Fabuleux !
Le cœur de la baleine bat 9 fois à la minute, celui de la musaraigne : 600 fois. Celui d‘un être humain au repos, 60 à 100 fois. Dans une vie, cela fait 2 milliards de battements. 2 milliards, c’est difficile à imaginer. Prenez un confetti. Si vous en avez 2 milliards de cette taille, vous pouvez tapisser tout l’intérieur de cette église St Martin à Perpignan de sorte à ce qu’elle soit toute blanche, et il vous en restera pour tapisser la moitié d’une autre église de cette taille.
Voyez, Dieu donne la vie à votre cœur qui bat sans qu’on le lui demande. La nuit, personne ne pense à recharger son cœur comme on recharge son téléphone pour qu’il fonctionne le lendemain. Depuis votre naissance (et même avant) il marche tout seul. Ca aussi, c’est fabuleux. Et pour vous ouvrir l’esprit, Dieu donne le même mouvement au cœur de votre voisin, de votre voisine. Imaginez le nombre de confettis si on devait compter les battements de cœur de tous les habitants de la ville, du département, du pays et de la planète. Ajoutez à cela les battements de cœur des animaux. Même les insectes ont une sorte de cœur, une membrane. Et chaque battement de cœur, chaque confetti, il le connaît. Plus que ça, il le suscite. Immensité du don de Dieu. En réfléchissant à tout ça ce matin, j’ai du faire une pause et aller boire un café tellement ça me donnait le vertige.
- Immensité plus grande du Créateur.
Je pars de la création pour en arriver au Créateur, qui a pensé à tout cela. Aujourd’hui, nous fêtons le Cœur Sacré de Jésus. L'expression "Cœur de Jésus" ne doit pas être restrictive. Ce n’est pas le siège de ses émotions, de son amour.
Le cœur de Jésus désigne le mystère même du Christ, c'est-à-dire la totalité de son être ou le centre intime et essentiel de sa personne: Imaginez ; tout ce que j’ai dit avant se trouve concentré là-dedans. Mais ce n’est rien à côté de ce qu’est le Fils de Dieu, sagesse incréée; Amour infini, principe du salut et de sanctification pour toute l'humanité. Le "Cœur du Christ" s'identifie au Christ lui-même, Verbe incarné et Rédempteur.
Impossible de parler de l’amour de Dieu parce que c’est difficile de parler de quelque chose d’infini. On peut quantifier le nombre de confettis pour tapisser l’église, on ne peut pas quantifier l’amour de Dieu bien au-delà du nombre de confettis. Quand Dieu aime, il s’engage. Quand Dieu nous a créés, il s’est engagé à nous aimer. Certaines personnes doutent de l’amour de Dieu car elles ne le voient pas, ne le sentent pas. Les hommes préhistoriques ne voyaient pas la planète Uranus. Pourtant, elle existait bel et bien. La preuve que Dieu nous aime, c’est qu’il s’est livré pour nous alors que nous étions pécheurs. (Rm 3,23) Le cœur transpercé de Jésus qui a arrêté de battre, c’est celui qui a permis au mien de battre. Alors voilà, notre paroisse doit être ce cœur battant, ce lieu où Dieu transmet son amour. Notre communauté de paroisses doit être la pompe du quartier. Le cœur qui bat, c’est celui du Christ. Nous sommes les artères, les canaux, dont la raison d’être est de diffuser cet amour. Si on faisait une carte du territoire paroissial et qu’on y mettait un point là où chacun habite et une trajectoire jusqu’ici, on verrait se dessiner un réseau. Autour de ce point que nous sommes, il y a de nombreuses person-nes qui attendent d’être irriguées à la même source de l’Amour véritable. Ce réseau couvrirait-il tout le quartier ? Est-ce que ça nous préoccupe, si des zônes ne sont pas irriguées et risquent d’être atrophiées ? Si j’avais une main sèche, ça me préoccuperait. Et si c’est la main du corps du Christ ? C’est à nous, artères, de faire la jonction avec les veines. Ainsi, le Christ, comme le cœur, attirera à lui et diffusera son amour –infini- dans la totalité du corps.
Nous qui avons reçu cette certitude d’être irrigués par l’amour qui découle du sacré cœur, nous sommes de… sacrés veinards !